Petite histoire du droit à l’alimentation
Comme bien d’autres pays membres de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 1976, le Canada et le Québec ont signé le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC). Ce droit, déjà reconnu auparavant dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, était ainsi réitéré et soumis à la reconnaissance plus formelle des États qui, en signant le Pacte, s’engageaient à mettre en œuvre ses droits.
Ce faisant, le Canada et les provinces se sont donc engagés à prendre toutes les mesures nécessaires pour que leur population ait un accès physique et économique à une nourriture suffisante, adéquate et produite dans des conditions respectueuses des personnes et de la planète.
Toutefois, nos gouvernements n’ont pas respecté leurs engagements et ce droit n’est mentionné nulle part dans les droits canadiens et québécois. Il n’a pas été enchâssé dans des documents officiels fondamentaux, comme La Charte canadienne des droits et libertés, et nous en sommes restés à un simple vœu pieux. Pourtant l’enjeu est de taille et mériterait l’attention de nos gouvernements.
Sécurité alimentaire et droit à L’alimentation
La sécurité alimentaire et le droit à l’alimentation sont des concepts interreliés bien que distincts, car ils abordent le même enjeu selon des perspectives différentes — l’une d’un point de vue statistique et
l’autre, juridique.
Ainsi, tous deux ont pour objectif premier d’assurer un accès à une alimentation adéquate et durable, mais le droit à l’alimentation associe cet objectif à des moyens juridiques pour y arriver, et offre donc une solution plus efficace et concrète pour lutter, notamment, contre l’insécurité alimentaire.
À cet égard, il est important de noter que le nombre de personnes souffrant de la faim au Québec et au Canada ne cesse de croître.
La pandémie, la hausse généralisée du coût de la vie, la crise du logement ainsi que les changements climatiques ont joué et jouent un rôle important dans l’augmentation du nombre de ménages vivant en situation d’insécurité alimentaire.
En 2022, le Québec comptait 1,28 million de personnes vivant l’insécurité alimentaire, soit 14,7 % de sa population.
Au Canada, la majorité des personnes qui vivent l’insécurité alimentaire ont quand même des revenus d’emploi (52 %).
En 2022, dans les dix provinces canadiennes, 6,9 millions de personnes, dont près de 1,8 million d'enfants, vivaient dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire.
Le droit à l’alimentation offre une solution plus durable à l’insécurité alimentaire.
D’une part, il s’attaque à l’accessibilité économique des aliments; d’autre part, il rappelle aux gouvernements l’obligation d’assurer à tous et toutes l’accès à un revenu suffisant, pour que tout le monde puisse s’alimenter convenablement et dans la dignité. Il prend aussi en compte les enjeux plus larges qui minent la sécurité alimentaire, comme les inégalités sociales, la discrimination, la crise climatique, etc.